Choisir la bonne mouche à la pêche au saumon

Une des beautés distinctives de la pêche au saumon atlantique, c’est l’idée de provoquer la morsure d’un poisson qui ne s’alimente pas. En effet, dès qu’il entre en rivière, le saumon cesse de se nourrir. Ce qui l’incite à attaquer nos présentations demeure ainsi source de mystère et de fascination. Tous les pêcheurs ont leur théorie sur ce qui fait réagir le poisson dans tel ou tel contexte; cette diversité d’opinions et l’absence de réponse absolue ouvrent grand la porte à la créativité. À mesure que le pêcheur de saumon évolue, il forge sa propre approche, ses propres théories. Ultimement, l’ensemble de son bagage se trouve reflété dans un élément iconique de son attirail de pêche: sa boîte à mouche.

Les mouches pour la pêche au saumon sont uniques parce qu’elles ne cherchent pas à reproduire une composante de l’alimentation du salmonidé. Elles n’imitent ni un insecte, ni un poisson, ni un crustacé. Elles sont créées pour être visibles et dérangeantes dans une multiplicité de contextes.

C’est pourquoi les boîtes à mouche sont remplies d’autant de variantes de formes, de grosseur et de couleurs et que chacune de ces options est susceptible d’avoir son moment de gloire. Même si l’originalité est reine en ce qui a trait au choix des mouches, il existe certaines règles générales pour maximiser ses chances de choisir la bonne.

Les types de mouches

Mouche noyée

D’abord, il est important de distinguer les deux grandes familles de mouches à saumon : la mouche sèche et la mouche noyée.

La mouche noyée est une mouche qui est présentée sous la surface de l’eau et dont le mouvement en arc est guidé par la tension du courant dans la soie. Lors de cette dérive, communément appelée la « swing », la mouche doit passer à une vitesse assez rapide devant le saumon pour provoquer le réflexe de mordre. 

La pêche à la mouche noyée consiste à lancer la mouche en aval de soi dans un angle de 30 à 45 degrés par rapport à la berge et à laisser la mouche dériver. On peut ainsi quadriller efficacement la fosse en descendant d’un pas à chaque lancer. La mouche noyée est très polyvalente; elle est le choix idéal dans un débit rapide, lorsque l’eau est trouble ou haute ou que la luminosité est faible. 

En règle générale, on pêche une grosse mouche (#2, #4) lorsque l’eau est haute et trouble, puis on rapetisse à mesure que l’eau baisse et s’éclaircit. La mouche noyée doit avoir une action nette sous l’eau, elle doit rester droite et complètement submergée; une mouche qui forme un V à la surface dans sa dérive n’est pas efficace. Les matériaux qui la constituent vont influencer grandement son action dans l’eau.

Mouche sèche

Voir un saumon brusquer la surface de l’eau pour y saisir une mouche sèche constitue sans nul doute un des plus beaux moments que la pêche au saumon atlantique puisse offrir. La mouche sèche est une mouche qui flotte à la surface de l’eau et qu’on pêche avec une dérive naturelle.  

Pour ce faire, on lance la mouche en amont du courant en remontant graduellement la fosse. Pour être efficace, la mouche sèche doit être bien visible et demeurer à la surface de l’eau libre de toute interférence causée par la soie et l’avançon. Il est donc primordial de l’utiliser par des conditions d’eau claire dans une portion de la fosse dont la surface n’est pas trop agitée par le courant ou le vent. 

Comme pour la mouche noyée, on peut diminuer la taille de la mouche lorsque le niveau d’eau est plus bas, mais une mouche de taille #4 ou #6 constitue une bonne base. Pour finir, certaines théories affirment que la température d’eau doit être supérieure à 12,5 degrés celsius pour que le saumon aille une propension à monter en surface; d’autres théories affirment qu’il s’agit avant tout d’attendre que le niveau d’eau soit suffisamment bas pour que le saumon puisse voir la mouche. Dans un cas comme dans l’autre, il faut surtout se rappeler que la mouche sèche est un outil qui devient plus efficace à mesure que la saison avance!

La couleur selon les différents contexte de pêche

Il n’existe pas de couleur que le saumon préfère, mais certaines couleurs sont plus visibles à certains moments de la journée et selon les conditions de l’eau. La proposition généralement répandue est très simple: par temps clair on privilégie des mouches claires, par temps sombre on privilégie des mouches sombres. 

Les yeux du saumon sont dotés de cônes qui lui permettent de percevoir les couleurs, mais cette capacité est diminuée dans les situations de basse luminosité ou d’eau trouble. Ce qui prime dans ces conditions, c’est donc de lui présenter des mouches présentant un fort contraste. 

Le noir est un classique intemporel, mais le blanc peut aussi constituer un choix solide. En plein jour, les couleurs vives sont à privilégier. Dans l’eau claire, les couleurs à courte longueur d’onde comme le bleu, le mauve et le vert sont souvent privilégiées par les pêcheurs, tandis que les couleurs à plus grande longueur d’onde comme le rouge et l’orange sont mis de l’avant pour les eaux teintées. Le jaune est un juste milieu très polyvalent. Finalement, lorsque le soleil brille, l’argent et le doré peuvent créer des reflets attrayants pour le saumon.

Ce qu’il faut retenir de ces informations, c’est qu’il ne faut pas trop s’embarrasser de règles cartésiennes dans une activité qui défie la logique. Il s’agit avant tout de pêcher une mouche en laquelle on a confiance. Au fil des jours sur la rivière, de vos rencontres et de vos observations, votre petite collection de mouches s’enrichira de souvenirs et de superstitions qui font le charme de l’expérience de la pêche au saumon atlantique. Pour être prêt à tout, on vous conseille de suivre nos conseils pour vous préparer à un voyage de pêche au saumon et de consulter notre guide des meilleures destinations de pêche de la province,

Si vous passez chez SAIL pour remplir votre boîte à mouche, voici une dizaine de variantes qu’on vous recommande de mettre dans le panier :

• La Picasse: Une création de Marc Leblanc, la Picasse est une mouche tellement polyvalente qu’elle est bonne toute la journée et toute la saison.
• Ally’s shrimp: Une mouche parfaite pour les eaux teintées!
• Black Bear Green Butt: Une mouche noire parfaite très tôt le matin et en fin de journée. 
• Blue Charm: Un classique britannique qui a fait ses preuves, particulièrement bon par temps couvert.
• Bomber Labatt Bleue: Un bomber classique indémodable.
• Oiseau blanc: Une mouche sèche particulièrement productive pour une journée ensoleillée. 
• Mickey Finn: Un classique indémodable qui a déjoué des poissons de tout acabit. Une mouche super visible très efficace dans l’eau trouble.
• Pompier: Une des bonnes mouches vertes, créée par Michel Beaudin. Elle est excellente sur les rivières d’eau claire de la Gaspésie.
• Cosseboom: Plusieurs variantes de cette mouche intemporelle ont fait leur place dans les coffres des pêcheurs québécois.
• Canuel: Chaque coffre qui se respecte devrait contenir quelques exemplaires de cette mouche sèche créée par le matanais Raynald Canuel.
• Green Machine: La mouche fétiche des Néo-Brunswickois se pêche autant en sèche qu’en noyée, selon la longueur à laquelle les poils de son corps sont taillés.